Anne Pauly – Avant que j’oublie

Anne Pauly – Avant que j’oublie

Une sœur et son frère se retrouvent autour de leur père à l’agonie, puis décédé. Après sa mort, elle s’occupe des obsèques, de faire le tri dans ses affaires dans sa maison vieillotte.

Ce roman est une autofiction -le père porte le nom de l’auteure. Il raconte un peu de la vie intime de cette famille où un père alcoolique et violent brutalisait la mère les soirs d’ivresse. Il confronte le passé et le présent pour faire le tri entre les apparences et la vérité des personnes. Car ce père violent et alcoolique devenu unijambiste à la fin de sa vie était aussi un père lecteur fréquentant le bouddhisme, un « un contemplatif fin mais gauche, gentil mais brutal, généreux mais autocentré, dévoré par l’anxiété et la timidité, incroyablement empêché. Un touriste de la vie« . Il était en même temps un « monstre attachant » et un « ogre timide« . L’homme a transmis sa violence à son fils qui n’a qu’une hâte, que les obsèques se passent au plus vite et au moindre coût, « il trouvait que les cercueils étaient trop chers » et que la succession soit liquidée au plus vite.
Pour sa fille, c’est plus complexe. Elle est agacée et en colère contre ce père dont elle se sent proche. Elle découvre, en triant ses objets et en lisant des lettres, le versant caché de sa personnalité, son amour pour son épouse, son affection pour ses enfants, ce qui lui permet de se réconcilier avec lui, puis avec son frère.

Ce roman exprime bien l’ambivalence filiale de la narratrice qui veut en finir, se séparer de son père et qui se découvre liée à lui par un amour dont l’absence serait d’une cruauté sans nom. L’écriture d’Anne Pauly rend compte de sa souffrance et de sa tristesse, mais n’évite pas des traits d’humour, des scènes cocasses (l’enterrement), des fous rires.
C’est un premier roman plein d’émotions, beau et juste.


Anne Pauly
– Avant que j’oublie. – Verdier, 2019
Ean : 9782378560294 – Ean de la version numérique : 9782378560348
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