Emmanuel Ruben – Sur la route du Danube

Sur la route du Danube

Sur la route du Danube

À l’été 2016, Emmanuel Ruben entreprend avec un ami une traversée de l’Europe à vélo. En quarante-huit jours, ils remonteront le cours du Danube depuis le delta jusqu’aux sources et parcourront 4 000 km, entre Odessa et Strasbourg. Ce livre-fleuve est né de cette odyssée à travers les steppes ukrainiennes, les vestiges de la Roumanie de Ceausescu, les nuits de bivouac sur les rives bulgares, les défilés serbes des Portes de Fer, les frontières hongroises hérissées de barbelés…
En choisissant de suivre le fleuve à contre-courant, dans le sens des migrations, c’est l’histoire complexe d’une Europe qui se referme que les deux amis traversent. Mais, dans les entrelacs des civilisations déchues et des peuples des confins, affleurent les portraits poignants des hommes et des femmes croisés en route, le tableau vivant d’une Europe contemporaine.

Il a donc traversé dix pays, tout en racontant l’histoire des villes et paysages, narrant les invasions barbares, les guerres, les changements de frontière du passé et les migrations d’aujourd’hui. Son « récit l’arpentage » raconte une frontière entre une Europe et une autre – car l’Europe de l’Est n’a pas disparu, un repérage des points de contacts entre un pays et un autre, des endroits où l’on ne passe pas, parce qu’il n’y a pas de pont, pas de bac, de là où il y a des miradors et des barbelés comme ceux que Viktor Orban a mis pour séparer la Serbie de la Hongrie. Car un fleuve comme le Danube sépare autant qu’il unit. En passant, on réalise que tous les pays ne sont pas d’Europe de la même façon, certains sont dans l’espace Schengen, d’autres pas. Et il y a les héritages du monde chrétien, mais surtout de l’Empire ottoman, comme l’indiquent ces mosquées qui sont devenues musées. L’Europe du Danube est fortement diversifiée et mélangée comme en témoigne la petite ville de Vidin, Bulgarie, cette « cette petite Jérusalem danubienne » qui possède des lieux de culte pour les trois religions monothéistes et où « il y avait autrefois des Albanais, des Kurdes, des Druzes, des Grecs, des Turcs, des Tziganes, des Arméniens, des Juifs sépharades, des Tatars et des Circassiens ».
Notons qu’il n’a pas, comme tant d’autres, descendu le fleuve de la source à l’embouchure, mais qu’il a remonté « le Danube dans le sens des invasions barbares et des grandes migrations, […] caressé l’Europe à rebrousse-poil ».
Le récit d’Emmanuel Ruben n’est pas que celui d’un géographe (même s’il connaît des « extases géographiques »), c’est celui d’un géopolitiste qui a une vision politique de l’Europe. De cette Europe économique qui n’est pas encore sociale, il craint la disparition : « nous savons que cette Europe, qui s’est suicidée tant de fois et qui meurt aujourd’hui à petit feu, n’aura pas de troisième chance si elle s’autodétruit de nouveau. Oui, autant l’avouer, le vrai sujet de ce livre n’est pas le Danube mais l’Europe ».
C’est aussi le carnet de route d’un cycliste (les distances indiquées sont exactes) passionné de vélo qui revient dans son pays natal, d’un amoureux des fleuves, d’un Européen : « Oui, autant l’avouer, le vrai sujet de ce livre n’est pas le Danube mais l’Europe ».

Emmanuel Ruben, 38 ans, est géographe de formation et a fait des études à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Il est directeur de la Maison Julien Gracq et vit aux bords de la Loire. « Sur la route du Danube » est son dixième roman.

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« … Remonter les rivières, ce n’est pas rechercher l’origine du monde mais tenter de le réparer, le monde, oublier les massacres à répétition, oublier les racines chrétiennes et les traités inégaux, réécrire l’Europe sur ses rives intérieures, faire l’éloge du continu, car le fleuve est le fil bleu de nos provenances, nous venons tous de l’Orient, nous ne sommes pas seulement celtes, francs, romains, wisigoths, nous ne sommes pas seulement du Ponant, nous sommes aussi du Levant, nous les Européens, nous fûmes aussi tatars, turcs, khazars, bulgares, huns, scythes, coumans et petchenègues ; Istanbul, Kiev ou Moscou ne sont pas moins importantes qu’Athènes, Rome ou Jérusalem pour comprendre l’Europe, et c’est toute cette géographie des steppes que nous portons en nous. »


Emmanuel Ruben
– Sur la route du Danube. – Rivages, 2019
Ean : 9782743646486 – Ean de la version numérique : 9782743646493

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