Amélie Nothomb – Psychopompe

Psychopompe – Amélie Nothomb


Amélie Nothomb – Le livre des sœurs

Amélie Nothomb – Le livre des soeurs

C’est une facette de ma partialité : j’aime lire Amélie Nothomb. Il y a toujours de l’inattendu dans son phrasé, du vocabulaire , de l’imagination pour inventer des situations exagérées et parfois farfelues. À chaque rentrée littéraire, je me rue donc chez mon libraire préféré – et indépendant – pour acheter son dernier opus.

Dans son roman « Le livre des sœurs », il y a d’abord ce couple de Nora et Florent qui se sont connus jeunes, qui sont si amoureux l’un de l’autre qu’ils semblent être le monde entier à eux seuls. L’arrivée de Tristane semble être un non-évènement. Ils ne changent rien à leur relation, continuent de s’admirer, chacun dans yeux de l’autre., oubliant de s’admirer chacun dans les yeux de Tristane. Cinq ans plus tard, naît Laëtitia et c’est Tristane qui se prend d’affection pour elle et qui veille à son épanouissement, jusqu’à apprendre à lire à sa cadette. Comme les parents ne s’occupent pas de leurs filles, Tristane se tourne vers sa tante Bobette et sa fille Cosette, dont elle est la marraine, pour comprendre pourquoi on trouve qu’elle est « une fille terne« , et pour tout, en fait…
Jusque là, tout va bien, Amélie Nothomb campe une famille dysfonctionnelle qu’elle situe avant l’ère des portables, peut-être même avant qu’on puisse lire Françoise Dolto ?

Les filles grandissent et deviennent adolescentes puis jeunes adultes. Elles veulent créer un groupe de rock, « les Pneus« , qui connaîtra un certain succès. Tristane fume des Gauloises pour épaissir sa voix et chanter dans le groupe. Nora se comporte comme une idiote décervelée envers ses filles… Dans cette seconde partie du roman, Amélie Nothomb s’éloigne du sujet de départ : la relation de deux sœurs dans une famille dysfonctionnelle, voire avec des parents ayant besoin de soins psychothérapeutiques.

Je ne regrette pas cette lecture – le style de Nothomb est inimitable et inégalable – mais j’ai eu l’impression qu’elle a été dépassée par la vigueur de son imagination. C’est dommage pour ce roman qui n’égalera pas « Soif » ou « Premier sang« . Il reste une lecture agréable qui occupera tranquillement une après-midi de dimanche quand la pluie viendra…


Amélie Nothomb
– Le Livre des sœurs. – Albin Michel, 2022
Ean : 9782226476364 – Ean de la version numérique : 9782226477231

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Amélie Nothomb – Premier sang

Premier sang de Amélie Nothomb

Premier sang commence à la mort du grand-père d’Amélie Nothomb, à 28 ans, lors d’un accident de déminage. Il laisse derrière lui son épouse et Patrick, le père de l’auteure. Celui-ci ne connaîtra la lignée paternelle qu’à l’âge de 8 ans, lors des vacances chez son oncle, un baron habitant un château dans les Ardennes. Les nombreux enfants sont élevés à la dure par un père grossier, égoïste, ne s’occupant gère d’eux et ne les nourrissant guère. Il ne meurt pas de faim, mais revient amaigri chez sa mère, endurci par ses vacances en forme de stage de survie.
À quinze ans, Patrick Nothomb choisit de devenir diplomate, plutôt que militaire comme le souhaitait sa mère. Ses débuts seront agités puisque le jeune homme est envoyé dans l’ex-Congo belge, alors en ébullition. Capturé par les rebelles avec des centaines d’autres personnes, il sera conduit devant le peloton d’exécution. Son talent de négociateur et ses relations avec un officier lui vaudra la vie sauve. « Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre » a prévenu Amélie Nothomb.

Ce récit est »absolument authentique » précise l’auteure. Ses lecteurs fidèles connaissent la suite qu’elle a raconté dans d’autres romans : la mutation de son père au Japon où elle naît en 1967, puis en Chine et à New-York. De même que ses études en Belgique, son retour au Japon pour un stage après lequel elle publiera en 1992 « Hygiène de l’assassin« , son premier roman.

La lecture de ce récit, le plus personnel d’Amélie Nothomb, permet de comprendre d’où provient son inépuisable fantaisie, « les Nothomb étaient des fous furieux » a-t-elle confié dans une interview. Le roman fourmille de détails drôles, fantasques, excentriques, qui poussent à rire alors que ce qu’on lit est plutôt dramatique.
Avec ce livre, Amélie Nothomb rend hommage a son père mort en 2020, à sa façon, décalée et fantasque.

Comme à chaque rentrée littéraire depuis trente années, lire Amélie Nothomb est un bon moment de lecture. Celui-ci est drôle et émouvant


Amélie Nothomb
– Premier sang. – Albin Michel, 2021. – (Romans français)
Ean : 9782226465382 – Ean de la version numérique : 9782226465412

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Amélie Nothomb – Les aérostats

Amélie Nothomb – Les aérostats

Ange, dix-neuf ans, cohabite avec Donate, vingt-deux ans qui s’estime bien plus vieille qu’elle et qui est très rigoureuse sur les principes. Elle est embauchée par le père de Pie qui voudrait qu’elle le guérisse de sa dyslexie. Elle y parvient au premier rendez-vous et le père la prie instamment de bien vouloir continuer à s’occuper de Pie. Quand elle apprend qu’il n’a jamais lu un livre, elle lui enjoint de lire des grands classiques. D’abord « Le Rouge et le noir« , puis « L’Iliade« , « L’Odyssée« , « La Métamorphose« , « Le Diable au corps » et quelques autres. L’adolescent est enthousiasmé par ses lectures. Pie, qui a peu de culture, surprend Ange par la finesse et la profondeur de ses commentaires. Elle se prend d’amitié pour Pie qui, lui, se dit amoureux d’elle. Comme il ne connaît rien à la vie ordinaire et qu’il lui demande « apprenez-moi à vivre« , elle l’emmène en forêt, à la Foire du Midi, ce qui ne plaît pas du tout à son père, lequel à une piètre opinion de son fils. Cet homme bizarre, riche et se pensant plein de pouvoir, observe les leçons d’Ange au travers d’une glace sans tain. Cette curiosité malsaine ne plaît pas à Ange et plaira encore moins à son fils quand il l’apprendra. Dans sa vie d’étudiante, Ange, qui est détestée par ses camarades, se fait draguer par son professeur de mythologie comparée qui trouve qu’elle ressemble « aux jeunes filles d’Éric Rohmer« . Ils auront une brève liaison.

Le 29e roman d’Amélie Nothomb est un conte cruel qui met en scène une jeune fille douée et un adolescent inculte qui se passionne pour la lecture. Les autres personnages – le père qui veut tout contrôler, la mère insignifiante et frivole, la colocataire rigide – ont pour rôle de permettre une fin tragique.
Par la lecture, les jeunes se découvrent des possibilités, un avenir car « la jeunesse est un talent, il faut du temps pour l’acquérir » comme dit Ange.

Ce formidable hommage à la lecture qui permet de s’élever, de grandir, qui permet de sortir de son isolement, de discuter est superbement bien écrit. Sa lecture est un moment fort agréable, mais je lui ai trouvé moins de panache que « Soif » ou « Frappe-toi le cœur« , notamment.


Amélie Nothomb
– Les aérostats. – Albin Michel, 2020
Ean : 9782226454089 – Ean de la version numérique : 9782226455567

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Amélie Nothomb – Soif

Soif / Amélie Nothomb

Dans son 28e roman, Amélie Nothomb fait Jésus raconter sa passion quelques heurs avant la mort de son corps sur la croix. Car l’écrivaine fait parler un Christ très incarné et le lecteur est de bout en bout dans la tête de Jésus, dans son corps, dans sa chair. Rien ne nous est épargné de sa souffrance, de la douleur physique, mentale et morale, de l’arrachement à la vie humaine et à l’amour de Madeleine, car « l’amour est une histoire et il faut un corps pour la raconter ». Il nous fait part aussi des doutes qu’il éprouve envers son Père : « j’occupe en ce moment une place qui va obséder l’humanité pendant des millénaires. […] aucune crucifixion n’aura jamais pareil retentissement. Mon père m’a choisi pour ce rôle. C’est une erreur, une monstruosité.« 
Amélie Nothomb use de sa liberté d’écrivaine pour raconter son Jésus en s’appuyant sur sa connaissance des textes évangéliques et en se fondant sur sa propre spiritualité. Elle n’hésite pas à attribuer au Nazaréen des propos qui, au plan théologique, sont pour le moins très audacieux!Cependant, certaines de ses audaces peuvent retenir l’attention, j’ai choisi le moment où le Crucifié meurt : « Il m’est donné d’entrer dans l’autre monde sans rien quitter. C’est un départ sans séparation. Je ne suis pas arraché à Madeleine. J’emporte son amour là où tout débute. Mon ubiquité a enfin une signification : je suis à la fois dans mon corps et hors de lui. Je lui suis trop attaché pour ne pas laisser en lui une part de ma présence. »
Son texte a le mérite d’affirmer que la foi est une soif, un besoin, une recherche, qu’elle est irrationnelle : « Comment sait-on qu’on a la foi? C’est comme l’amour, on le sait. On n’a besoin d’aucune réflexion pour le déterminer » , « ce que vous ressentez quand vous crevez de soif, cultivez-le. Voilà l’élan mystique« , « Et l’instant ineffable où l’assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d’eau, c’est Dieu. »

À notre époque, Amélie Nothomb ne risque pas d’être lapidée en raison de ce son texte, lequel est bien en avant de tous les intégrismes et de tous les conservatismes. Elle a le mérite de renforcer son universalité , de montrer que les Évangiles ont ouverts à l’interprétation, de montrer que Jésus n’a jamais aimé la souffrance comme en témoignent ses miracles de guérison.
Ce qu’a écrit Amélie Nothomb n’est pas facile, elle dit d’ailleurs être sortie épuisée de son écriture. Avec Soif, elle a pris un risque et nous offre un de ses plus grands romans. Et en refermant le livre, on continuera à se demander si Jésus aurait pu penser ainsi ou si ce texte est seulement le ressenti très personnel de l’écrivaine…


Amélie Nothomb
– Soif. – Albin Michel, 2019
Ean : 9782226443885 – Ean de la version numérique : 9782226444981

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Amélie Nothomb – Les Prénoms épicènes

Les prénoms épicènes

Les prénoms épicènes

   Claude et Dominique se sont rencontrés à Brest. Il fait ce qu’il faut pour séduire Dominique. Ils se marient très vite en souhaitant un enfant qui vient tardivement, au bout de quatre années. L’homme charmant qu’était Claude devient très désagréable et déteste l’enfant dès sa naissance. Épicène, à cinq ans, sait déjà qu’elle n’aime pas son père. 0 onze ans, il lui fait perdre sa meilleure amie, Samia. Elle découvre alors qu’elle hait son père et qu’elle va devoir se construire sans son affection. La même année, Claude pousse Dominique à se lier avec Mme de Cléry, une riche bourgeoise, en se servant de ses filles. Claude a une bonne raison de chercher à se lier au couple des Cléry.
Quand on la découvre, on découvre aussi la face cachée de Claude et les raisons de sa détestation…

Chaque année, je suis curieux de savoir ce qu’Amélie Nothomb va inventer pour son nouveau roman. Après la jalousie d’une mère pour sa fille (Frappe-toi le coeur), voici la haine d’une fille pour son père qui, reconnaissons-le, la mérite bien. Comme dans ses autres romans, celui qui permet au personnage central d’exister est sérieusement tordu. Le roman a tout d’un conte, avec le monstre, la douce jeune fille (pas si douce, en fait), la mère naïve, les grands-parents adorés et adorables. Mais l’écriture est précise et révèle une connaissance indéniable des ressorts des êtres humains. L’histoire est plutôt complexe, caustique, décalée. Pour notre plus grand plaisir…

Comme dans les contes, même cruels, il y a une morale : « La personne qui aime est toujours la plus forte ».


Amélie Nothomb
Les Prénoms épicènes. – Albin Michel, 2018. – 162 p.
Ean : 9782226437341 – Ean de la version numérique : 9782226431134

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Amélie Nothomb – Frappe-toi le cœur

 

Amélie Nathomb - Frappe-toi le coeur

Amélie Nathomb – Frappe-toi le coeur

Cette année Amélie Nothomb nous conte l’histoire de Diane, une très belle fille dont la mère est jalouse à un tel point qu’elle l’ignore et ne lui manifeste aucune marque de tendresse et d’amour. Encore enfant, la rencontre d’un médecin qui lui parle avec franchise la décide, elle sera comme lui, médecin. Le vers de Musset qui donne le titre au livre lui fera choisir la cardiologie. Étudiante, elle tombe sous la coupe d’Olivia Aubusson, une enseignante dont elle admire la rigueur et la droiture professionnelle. Plus tard, elle découvrira qu’Olivia s’est servie d’elle, qu’elle ne pense qu’à sa carrière et qu’elle méprise sa fille, ce qui est bien pire qu’être jalouse.

Dans ce vingt-cinquième roman qui raconte une grande partie de la vie de Diane, on voit ce que provoque un trop-plein ou une absence d’amour, on voit aussi les mécanismes de la jalousie et du mépris, lequel est montré comme une bassesse à laquelle on ne trouve aucun excuse. A la fin, le châtiment sera terrible…

Sur le ton d’un conte, avec une grande finesse psychologique, une histoire de femmes entre elles, rivales, jalouses, manipulatrices, méprisantes, violentes, cruelles…


Amélie Nothomb.
Frappe-toi le cœur. – Albin Michel, août 2017.
Ean : 9782226399168 – Ean de la version numérique : 9782226425355

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Amélie Nothomb – Riquet à la houppe

Riquet à la houppe

Riquet à la houppe

A chaque rentrée littéraire, et pour la 24ème fois, un nouveau Nothomb.

Cette fois, Amélie Nothomb s’empare du Riquet à la houppe de Charles Perrault. Son Déodat, dont la hideur est sans pareille, sera ornithologue, et sa Trémière, sublimement belle, qu’on dit sotte, sera l’égérie d’un joaillier. Amélie Nothomb narre l’enfance de ses héros qui en voient de toutes les couleurs. Puis, en leur donnant une orientation professionnelle, elle dévoile ce qu’ils aiment et qui va aimanter leurs vies : les oiseaux et les bijoux. Ils se rencontrent de façon imprévisible, s’aiment de suite au-delà de tout, mais restent différents, solitaires, à part. Ils s’aiment et sont heureux de s’aimer, une dimension qui manquent aux romans dans lesquels l’amour est toujours tragique. Nothomb, qui a lu les 147 romans de la Comédie humaine de Balzac n’a compté que 6% d’histoires d’amour qui se terminent bien. Un constat qui l’interroge : à quoi tient que l’amour de Déodat et Trémière perdure ?

Un roman agréable à lire, avec de fines considérations sur divers sujets.
Sans doute un des plus beaux romans d’Amélie Nothomb.


  • Riquet à la houpe, d’Amélie Nothomb. – Albin Michel, août 2016.
    Ean : 9782226328779 – Ean de la version numérique : 9782226420718

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Amélie Nothomb – Le crime du comte Neville

Amélie Nothomb - Le crime du comte Neville

Le crime du comte Neville

Cette année, Amélie Nothomb publie l’histoire festive de l’invitation du Comte Neville à sa garden-party annuelle, qui comme les précédentes, sera parfaite, même si c’est la dernière puisque l’aristocrate est ruiné. Une voyante lui annonce qu’il assassinera un de ses invités. Sa fille décide qu’elle sera cette victime et supplie son père, « papa, il faut que tu me tues ».

Le drame est annoncé, mais on hésite délicieusement à y croire, car on connaît trop la capacité d’imagination d’Amélie Nothomb, son goût pour les rebondissements loufoques. On sait aussi qu’elle aime réjouir son lecteur et, une fois de plus, elle y parvient parfaitement.


Amélie Nothomb
Le crime du comte Neville. – Albin Michel, 2015. Ean : 9782226318091 – Ean de la version numérique : 9782226381118

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